À mesure que les exigences en matière de divulgation de la durabilité évoluent rapidement, les entreprises françaises subissent une pression croissante pour se conformer aux normes internationales de reporting financier (IFRS) S1 et S2 – des cadres introduits par le International Sustainability Standards Board (ISSB). Ces normes visent à unifier le reporting mondial en matière de durabilité en mettant l'accent sur les risques liés à la durabilité en général (S1) et les divulgations climatiques (S2).

Pour les entreprises françaises – en particulier celles qui se préparent à la conformité avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) – le développement de la capacité interne pour les rapports IFRS S1 et S2 n'est plus une option. C'est une exigence stratégique qui influence la réputation, la conformité, la confiance des investisseurs et la viabilité à long terme.

Comprendre les IFRS S1 et S2 : Ce qu'elles signifient pour les entreprises françaises

L'IFRS S1 se concentre sur la divulgation des risques et des opportunités liés à la durabilité tout au long de la chaîne de valeur.

L'IFRS S2 se concentre sur les divulgations liées au climat, en s'alignant étroitement sur le cadre du Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD).

Les deux normes sont conçues pour s'intégrer au reporting financier, garantissant ainsi que la durabilité soit traitée comme un risque financier clé.

L'alignement de la France avec les normes ISSB et de l'UE

Bien que les normes IFRS S1 et S2 soient des cadres mondiaux, elles s'alignent avec les normes européennes de reporting en matière de durabilité (ESRS) dans le cadre de la CSRD. La France, qui soutient fermement l'intégration de l'ESG, encourage les entreprises à harmoniser leurs rapports à travers des cadres doubles. Les entreprises opérant à la fois sur les marchés de l'UE et à l'échelle mondiale doivent se préparer à un reporting interopérable.

Pourquoi le renforcement de la capacité interne est essentiel

Le renforcement de la capacité interne va au-delà du respect des délais réglementaires. Cela permet aux entreprises de :

  • Évaluer précisément les risques et les opportunités liés à l'ESG
  • Intégrer les indicateurs climatiques dans la planification financière
  • Renforcer la collaboration interfonctionnelle entre les équipes de durabilité, de finance et de gestion des risques
  • Accroître la confiance des investisseurs grâce à des divulgations transparentes

Les régulateurs et les parties prenantes françaises attendent de plus en plus une responsabilité interne – et pas seulement une conformité externalisée.

Principales zones de développement de la capacité interne

  • Connaissance interfonctionnelle et formation

Le développement d'une équipe interne solide commence par la formation au sein des différents départements, y compris :

  • Finance et contrôle
  • Gestion des risques
  • Durabilité/RSE
  • Achats et chaîne d'approvisionnement

Les ateliers et les programmes de formation continue doivent couvrir la terminologie des IFRS, l'analyse de scénarios, l'évaluation de la matérialité et les pratiques de vérification des données.

  • Infrastructure de données et systèmes ESG

Les normes IFRS S1 et S2 exigent des divulgations basées sur des données vérifiables et de qualité investisseurs. Les entreprises en France doivent :

  • Investir dans des plateformes de gestion des données ESG
  • Intégrer les indicateurs non financiers dans les systèmes ERP
  • Développer des tableaux de bord automatisés pour le suivi en temps réel
  • Assurer la traçabilité des données et des contrôles internes pour résister à un audit

Les entreprises françaises de logiciels et les fournisseurs mondiaux de technologies ESG proposent désormais des outils modulaires pour une adoption évolutive.

  • Cartographie de la matérialité et double matérialité

Bien que les IFRS se concentrent sur la matérialité financière, les entreprises soumises à la CSRD doivent également prendre en compte la double matérialité – l'impact d'une entreprise sur les personnes et la planète.

Les entreprises françaises doivent renforcer leur capacité à :

  • Réaliser des évaluations de matérialité avec les contributions des parties prenantes internes et externes
  • Prioriser les risques alignés à la fois sur les IFRS et sur la taxonomie européenne
  • Traduire les sujets de durabilité en implications financières
  • Analyse de scénarios climatiques et planification de la transition

Pour l'IFRS S2, l'analyse de scénarios climatiques est essentielle. Les entreprises doivent acquérir les compétences nécessaires pour :

  • Modéliser différents scénarios d'émissions
  • Quantifier les impacts financiers des risques physiques et de transition
  • Élaborer des plans de transition climatique crédibles et prêts pour les investisseurs

Conclusion

À mesure que la France accélère son engagement pour un leadership en matière de durabilité au sein de l'UE, renforcer la capacité interne pour les rapports IFRS S1 et S2 est une étape cruciale pour les entreprises de toutes tailles. Ce parcours ne concerne pas seulement la conformité : il s'agit de pérenniser les opérations, de gérer les risques climatiques et de gagner la confiance des parties prenantes.